Je me tiens
debout à l’arrêt d’autobus de Durban et, pour la première fois depuis mon
arrivée, l’autobus tarde à passer. Peut-être que la logistique s’est
enchevêtrée. Hier soir, j’ai vu pour la première fois un taxi quitter le site
de la conférence. Les autobus ne circulaient plus à 2 h du matin, mais
j’ai quitté les négociations alors qu’une véritable scène s’y déroulait. La
tradition africaine de l’indaba est
l’approche principale adoptée lors des travaux informels organisés par la
ministre des Affaires étrangères sud-africaine Nkoana-Mashabane, qui menait les
procédures à titre de présidente de la Conférence des Parties. L’indaba a rassemblé les ministres (ou
dans certains cas les négociateurs en chef) dans une petite salle afin de
tenter d’en venir à une entente commune. À 1 h 30, la présidente a
annoncé qu’elle était prête à poursuivre, mais elle a demandé aux regroupements
des pays de désigner une ou deux personnes qui les représenteraient dans une
salle beaucoup plus exiguë afin de continuer à travailler pendant la nuit. Les
options débattues ont maintenant été mises en ligne sur le site Web de la
CNUCC. Il semble que les représentants aient travaillé jusqu’à 5 h du
matin sans réussir à établir un consensus.
Remontons dans le temps
jusqu’à la COP11, qui s’est tenue à Montréal en décembre 2005 et où une entente
avait été conclue afin d’éviter ce qui se passe actuellement. Lors de la COP11,
les nations s’étaient entendues, avec l’aide du président de la conférence
Stéphane Dion, pour négocier la prochaine étape du Protocole de Kyoto, faisant
en sorte que les négociations soient achevées en 2009 afin de conclure le
processus de ratification de manière globale en 2012. L’objectif était d’avoir
une transition sans interruption vers une seconde période d’engagement en vertu
du Protocole de Kyoto. Tout cela s’est effondré avec l’élection canadienne de
2006 et l’émergence d’un gouvernement minoritaire qui s’est empressé de
répudier Kyoto et d’annuler les plans en matière de changements climatiques. La
nouvelle présidente de la conférence, Rona Ambrose, a pris les rênes pour nous
mener tout droit vers un mur.
Le retour en arrière depuis
2005 ne peut pas être attribué qu’au Canada, mais nous avons ouvert la porte à
une prise de position anti-Kyoto. Comme un ami ici l’a fait remarquer : « Le
Canada avait l’habitude de s’attaquer à plus fort que lui alors que maintenant,
il frappe surtout en dessous de la ceinture ».
Et nous voici maintenant
à Durban pour la COP17 avec un éventail d’options qui nous auraient fait
quitter la salle en pleurs lors de la COP11.
Hier soir (ou plutôt tôt ce
matin) lorsque j’ai quitté le centre des congrès, la réunion de haut niveau
jonglait avec 3 options. La meilleure d’entre elles nous amènerait à une deuxième
phase contraignante dans 5 ans, soit en 2016.
Pendant ce temps, les
scientifiques nous préviennent que nous devons assister à un déclin de nos
émissions mondiales avant 2015. Si nous permettons que les émissions continuent
à augmenter après 2015, nous dépasserons le point de non-retour et nous nous
dirigerons tout droit vers un emballement du réchauffement climatique à
l’échelle mondiale.
En ce qui me concerne, les
négociations progressent. La Conférence des Parties ne devrait pas se terminer
dans les 24 prochaines heures. Les récits des médias selon lesquels nous
quitterons la conférence sans rien obtenir sont prématurés. La constatation
selon laquelle nous parviendrons à quelque chose qui sera mieux que rien, mais inadéquat
pour répondre à la menace qui pèse sur nous tous se fait de plus en plus
concrète.
Il est minuit moins une.