OTTAWA – Elizabeth May, députée de Saanich—Gulf Islands et chef du Parti vert du Canada, tenait une conférence de presse aujourd'hui pour souligner le 7e anniversaire de l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto – et pour remettre les pendules à l'heure sur le programme anti-Kyoto et l'axe pétrolier du premier ministre Stephen Harper.
« Nous devrions célébrer cette journée puisque, voilà sept ans aujourd'hui, l'humanité consentait à unir ses efforts pour lutter contre les graves dangers que représente l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre », a dit May. « Mais le rejet de Kyoto par le premier ministre, en dépit de l'appui d'une majorité de Canadiennes et de Canadiens, en fait plutôt un jour de deuil. »
« Notre réputation internationale a déjà perdu beaucoup de son lustre. Cette semaine, le Brésil, l'Afrique du Sud, la Chine et l'Inde ont condamné le Canada pour sa décision de se retirer du Protocole de Kyoto, affirmant que cela minait "sérieusement" notre crédibilité dans la lutte contre la menace bien réelle des changements climatiques. »
Quant à notre retrait de Kyoto, le ministre de l'Environnement Peter Kent affirme que, si nous restons dans le processus, le Canada risque de devoir payer une amende de 14 milliards de dollars pour avoir raté ses cibles aux termes du Protocole.
« Ce n'est rien d'autre que de la propagande pour semer le doute dans l'esprit des Canadiennes et des Canadiens », a dit May. « En théorie, si nous décidions tout à coup d'atteindre la cible fixée aux termes de Kyoto, le seul moyen d'y parvenir serait d'acheter des crédits de carbone. Ces crédits pourraient en effet coûter jusqu'à 14 milliards de dollars, comme l'affirme Kent, mais aucune personne saine d'esprit ne ferait cela, et rien dans le Protocole de Kyoto n'oblige le Canada à payer quoi que ce soit. »
« Le premier ministre Harper et son cabinet jonglent avec les faits pour convaincre les Canadiennes et les Canadiens qu'exploiter les sables bitumineux, un des plus grands pollueurs de la planète, et laisser des sociétés d'État chinoises acquérir puis exporter notre bitume est bon pour notre pays. Ils affirment que cela ne peut pas vraiment nuire à la sécurité nationale du pays ou à l'atmosphère déjà surchauffée, mais soyons réalistes. »
Le ministre des Ressources naturelles Joe Oliver affirmait en Chambre le 14 février que « nous devrions être fiers du fait que, depuis 10 ans, ces émissions [sables bitumineux] ont été réduites de 30 pour cent. » Un rapport du Pembina Institute révèle au contraire que, depuis 2005, les sables bitumineux ont produit 37 mégatonnes de gaz à effet de serre (GES) comparativement à 23 mégatonnes en 2000.
En outre, puisque le niveau de production devrait augmenter considérablement au cours des prochaines années, Environnement Canada prévoit que les émissions de GES tripleront pour passer de 30 millions de tonnes en 2005 à 92 millions de tonnes en 2020.
Si l'intention du ministre était de dire que les émissions par baril avaient diminué, il aurait eu raison jusqu'à tout récemment. Cependant, même l'Association canadienne des producteurs pétroliers a admis que les émissions de GES par baril avaient augmenté de deux pour cent en 2010 par rapport à l'année 2009, parallèlement à l'augmentation de la production in situ. Au cours de la même année, les émissions totales ont augmenté de 14 pour cent.
L'an dernier, les conservateurs de Harper ont été forcés d'admettre qu'ils avaient délibérément omis des données de l'Inventaire des émissions destiné à l'ONU révélant que les émissions des sables bitumineux avaient en fait augmenté.
Au même moment, le ministre Oliver affirmait en Chambre que l'industrie des sables bitumineux générerait « une activité économique se chiffrant à 3 billions de dollars [...] des centaines de milliards de dollars pour les services gouvernementaux aux Canadiens et plus de 700 000 emplois [seraient] créés annuellement au cours des 25 prochaines années. »
« Devrions-nous croire que la Chine investit au Canada pour des motifs purement altruistes? » a demandé May. « Nous savons que Sinopec a acquis près de 10 pour cent des parts de Syncrude, obtenant du coup un droit de veto sur toutes les décisions de l'entreprise concernant le maintien des emplois au Canada. Le projet de pipeline et de pétroliers Enbridge-Chine fournira des emplois temporaires à l'étape de la construction, mais les emplois dans le secteur du raffinage seront éventuellement transférés du Canada à la Chine. Keystone XL, s'il finit par obtenir le feu vert, fera la même chose.
« Des spécialistes ont témoigné en comité pour dire que cette approche avait déjà nui aux raffineries canadiennes, qui ont perdu 10 000 emplois depuis 1989. Il semblerait en effet que les emplois et les profits soient destinés à quitter le pays.
« Les Canadiennes et les Canadiens doivent connaître la vérité sur Kyoto et sur l'axe pétrolier et faire pression sur le premier ministre pour qu'il cesse de nous bercer d'illusions. Enfin, c'est un mythe de croire que Kyoto est déjà derrière nous. C'est complètement faux. En fait, le Canada a seulement signifié son intention de se retirer par le biais d'une notification écrite. Notre retrait n'est pas exécutoire avant décembre 2012. Annulons ce préavis et faisons le vœu de devenir des citoyens planétaires responsables. »
Les verts invitent les Canadiennes et les Canadiens à visiter en grand nombre le site Web http://sauvonskyoto.ca pour signer la pétition et faire en sorte de garder le Canada au sein de Kyoto.
Renseignements :
Rebecca Harrison
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