OTTAWA – Les auteures-compositrices-interprètes Sarah Harmer et Leslie Feist unissaient leur voix à celle du chanteur de Tragically Hip Gord Downie cette semaine pour dénoncer l’élimination de la Loi sur la protection des eaux navigables par le gouvernement Harper.
Leurs inquiétudes font écho à celles de militants pour la protection de l’eau et de députés ayant tenu une conférence de presse immédiatement avant le retour en Chambre du deuxième mégaprojet de loi d’exécution du budget de plus de 400 pages, le projet de loi C‑45. En effet, caché entre les lignes du projet de loi C‑45 se trouve le remplacement de la Loi sur la protection des eaux navigables, une loi promulguée voilà 130 ans, par la Loi sur la protection de la navigation.
« Ceci constitue un affront à notre histoire, à notre sécurité et à notre droit fondamental d’être informé », a déploré l’auteure-compositrice-interprète Sarah Harmer. « Il faut protéger les eaux canadiennes, mais malheureusement, les changements apportés par la Loi sur la protection de la navigation éliminent cette protection pour la majorité de nos lacs et cours d’eau; désormais, ils sont exposés à de graves dangers, tout comme nous d’ailleurs. »
« Notre gouvernement fédéral renonce à ses obligations de protéger le droit de toutes les Canadiennes et de tous les Canadiens de naviguer les lacs et cours d’eau du Canada », a ajouté Meredith Brown, directrice exécutive du groupe d’action Sentinelle Outaouais. « L’élimination des consultations publiques et des examens parlementaires pour une question aussi fondamentale et aussi canadienne que notre droit public à la navigation est une grave erreur. »
« Les Canadiennes et les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement protège la nature », a dit John Bennett, directeur exécutif du Sierra Club Canada. « Ce gouvernement n’a jamais reçu de mandat pour liquider notre avenir contre une poignée de dollars. »
« Tuer la Loi sur la protection des eaux navigables revient à attaquer le patrimoine naturel du Canada », a dénoncé le député indépendant Bruce Hyer (Thunder Bay—Superior‑Nord), un pagayeur et un pêcheur de la première heure. « Cela signifie que des millions de lacs, de rivières et d’autres cours d’eau ne seront désormais plus protégés par la loi et que n’importe qui pourra ériger un barrage ou remplir un lac sans autre contrôle environnemental. La chasse est maintenant ouverte dans nos frayères, nos nourriceries et pépinières aquatiques naturelles ainsi que nos ruisseaux et rivières remplis de poissons et d’autres formes de vie aquatique. »
« Comme pour la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale et la Loi sur les pêches, les conservateurs de Harper éliminent un autre obstacle juridique à leur programme de développement tous azimuts », a dit la chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich—Gulf Islands Elizabeth May. « Ils ont fait le pari que les Canadiennes et les Canadiens seront trop submergés par l’ampleur du projet de loi C‑45 pour remarquer l’élimination de la Loi sur la protection des eaux navigables, mais je vous promets que les propriétaires de chalets, les municipalités, l’industrie du tourisme et d’autres citoyens feront bientôt connaître leur opposition à la Loi sur la protection de la navigation. »
Plusieurs ont profité de la conférence de presse pour faire une déclaration. Le chanteur des Tragically Hip Gord Downie était catégorique : « Notre revendication aux rivières et cours d’eau du Canada est antérieure à la fondation même de notre pays. Voilà déjà quatre ans que ce gouvernement tente par tous les moyens de nous arracher ce droit détenu par tous les citoyens du pays pour le réserver à une petite élite. Si ce projet de loi est adopté, ils auront enfin obtenu ce qu’ils désirent. »
L’auteure-compositrice-interprète Leslie Feist a offert une mise en garde : « En perdant la protection de la Loi sur la protection des eaux navigables, nous perdons l’occasion d’étudier les impacts du développement débridé et irresponsable sur nos poissons, nos milieux sauvages, nos collectivités et nos vies. Dorénavant, n’importe qui pourra prendre une pelle mécanique et creuser des trous dans nos lacs et cours d’eau. »
Le président et gardien du lac Ontario Mark Mattson entrevoit une hécatombe : « En éliminant les “eaux” de la Loi sur la protection des eaux navigables, le gouvernement vide une de nos plus anciennes lois de toute sa substance. Je suis convaincu que nos dirigeants n’ont pas saisi toute l’ampleur des répercussions engendrées par ce geste. Les gens vont souffrir. »
La version intégrale des déclarations est offerte en ligne.
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Renseignements :
Debra Eindiguer
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