Alors que le pays brûle, les ministres fédéraux accueillent la réunion du conseil d'administration d'une compagnie pétrolière et gazière

Le 26 juin, deux ministres - l'honorable Jonathan Wilkinson et l'honorable François-Philippe Champagne - ont assisté à la réunion du conseil d'administration mondial de Royal Dutch Shell, leur souhaitant une chaleureuse bienvenue dans un pays qui brûle et étouffe, en grande partie à cause de la responsabilité historique de cette entreprise et de la duplicité de ce gouvernement. 

La visite de Shell au Canada n'avait rien de réjouissant. Shell a récemment annoncé son intention d'augmenter sa production de combustibles fossiles et fait appel d'une décision d'un tribunal néerlandais lui ordonnant de réduire ses émissions de 45 % par rapport aux niveaux de 2019 d'ici à 2030. Pourtant, deux ministres de premier plan, notoirement occupés, ont pris le temps de leur rendre visite et de saluer le partenariat de l'entreprise avec leur vision d'une économie verte. Huit ans après avoir promis de la construire et de s'attaquer au changement climatique, le gouvernement envoie le triste signal que l'"économie verte" des libéraux reste à définir et qu'elle sera construite en partenariat avec les grandes compagnies pétrolières. 

Alors que les investisseurs et les directeurs se réunissent dans une salle remplie d'arbres en carton et de plantes en pot pour accueillir les ministres de ce gouvernement soi-disant progressiste, nos forêts continuent de brûler à un rythme sans précédent, crachant des panaches de cendres toxiques qui transforment les États-Unis en cartes postales d'un avenir apocalyptique. 

« Il est soit extraordinairement naïf, soit carrément tordu de la part des libéraux de continuer à flirter avec les grandes compagnies pétrolières alors que notre pays brûle », a déclaré Jonathan Pedneault, chef adjoint du Parti vert. « Vous ne dîneriez pas avec des dirigeants de compagnies de tabac pour leur demander leur avis si vous meniez une campagne nationale contre le cancer du poumon. Comment les Libéraux peuvent-ils prétendre être des champions du climat tout en encourageant l'une des compagnies pétrolières les plus horribles qui soient?»

Avec Exxon Mobile, Shell est connue pour avoir caché au public des études menées dans les années 1980 qui ont établi en 1988 que les combustibles fossiles étaient la principale cause de l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère. « (...) lorsque le réchauffement climatique deviendra détectable, il pourrait être trop tard pour prendre des contre-mesures efficaces afin d'en réduire les effets ou même de stabiliser la situation », concluait l'étude Shell de 1988. 

« Les effets du réchauffement climatique sont désormais plus que détectables, ils sont respirables, visibles et profondément dérangeants pour la plupart des Canadiens qui luttent pour faire face à ce qui ressemble à un été de l'enfer », a déclaré Elizabeth May, chef du parti vert. « Plutôt que de fêter les dirigeants de l'industrie, le gouvernement du Canada devrait préparer notre propre procès pour les dommages causés par ces entreprises pour le coût annuel de plusieurs milliards de dollars des événements météorologiques extrêmes provoqués par le changement climatique. Au lieu de cela, notre gouvernement célèbre leurs faussetés et leurs prétentions d'entreprise citoyenne responsable ».

L'accueil chaleureux réservé à Shell par les ministres Wilkinson et Champagne n'est pas surprenant. Au cours des deux derniers mois, les Canadiens ont appris que leur gouvernement  :

  1. A rencontré les lobbyistes du secteur du pétrole et du gaz environ 40 % plus souvent que les groupes de défense de l'environnement ;
  2. A longuement consulté Suncor et un dirigeant de Shell pour élaborer leur première stratégie en matière de changement climatique, qui n'a pas encore été publiée ;
  3. Depuis son entrée en fonction, n'a pas dépensé la majeure partie des fonds promis pour la lutte contre les changements climatiques.

« Le contraste entre l'approche collaborative du gouvernement fédéral pour répondre aux incendies de forêt et la faiblesse de notre réponse depuis des décennies à la crise climatique qui alimente ces incendies est flagrant », a conclu Mike Morrice, député vert de Kitchener-Centre. « Nous connaissons les solutions : nous devons mettre fin à toutes les subventions aux combustibles fossiles et réorienter ces fonds vers la décarbonisation de nos systèmes d'énergie et de transport. L'apport d'entreprises comme Shell n'est nécessaire nulle part. » 

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