La Nouvelle-Écosse – en particulier, ma circonscription – est un endroit unique au Canada, et sans aucun doute, dans le monde entier. En raison des nombreuses familles vivant dans la pauvreté et du grand nombre de personnes sans emploi, il est facile pour les gens qui habitent ici de se sentir découragés. Je pense que cette situation joue un grand rôle dans le faible taux de participation aux élections qu’il y a dans cette région. D’ailleurs, aux dernières élections, à peu près 20 000 personnes dans toute la circonscription de Nova-Centre n’ont pas exercé leur droit de vote. La démocratie fonctionne seulement lorsque les gens se sentent encouragés et motivés à changer leur société. Il a souvent été démontré que les gens qui se sentent épuisés, désavantagés et rejetés par le système ne sont pas des citoyens actifs. En effet, les personnes qui sont stressées, fatiguées, surchargées de travail et découragées ne voient souvent pas la nécessité de participer à des élections, voire à quoi que ce soit d’autre. Mais je conteste vigoureusement l’affirmation selon laquelle le Canada atlantique possède une « culture du défaitisme », pour citer le premier ministre Stephen Harper, et ce, particulièrement en ce qui concerne le comté de Pictou, Eastern Shore ou le comté d’Antigonish.
J’ai assisté aujourd’hui à une collecte de fonds à New Glasgow pour Centraide Canada. C’était un « lunch de millionnaires » où des chefs d’entreprise locaux, des travailleurs communautaires, des politiciens, des étudiants du secondaire et autres ont mangé du macaroni au fromage pour soutenir la communauté. Centraide offre un service incroyable dans le comté de Pictou. D’ailleurs, j’ai pris part cet été à une réunion de planification dans leurs locaux pour discuter des systèmes de soutien offerts aux jeunes dans le but de leur apporter un sentiment de bien-être.
Un agent de la GRC, M. John Kennedy, a pris la parole au cours du lunch d’aujourd’hui. Il a fait le récit de l’histoire incroyable qui l’a amené à prendre part à un immense mouvement d’alphabétisation. Il a raconté avoir dû écrire la déclaration de nombreux jeunes délinquants. Il a alors commencé à leur demander pourquoi ils ne lisaient pas davantage. Ils lui ont répondu qu’il n’y avait pas de livres dans leur école. À partir de ce moment, il a commencé à participer à des collectes de fonds dans le but d’acheter des livres pour une bibliothèque locale. Pendant les années qu’il a continué de travailler sur ce projet, le programme de lecture a pris beaucoup d’ampleur. Il a mis sur pied ce projet communautaire à partir de la simple idée que les jeunes qui lisent ont moins de chances d’être impliqués dans des actes criminels. Statistiquement parlant, il a appuyé cet argument en disant que 65 % des détenus ont un niveau d’alphabétisme peu élevé. Le programme comprend maintenant la lecture d’histoires dans les écoles par des chefs de file de la communauté, des agents de police, des gens d’affaires et d’autres personnes. Comme M. Kennedy l’a suggéré, l’interaction des jeunes avec des symboles d’autorité de la société permet de faire un grand pas vers la création d’une communauté plus cohésive et où règne une bonne entente. Cela rend les adultes plus accessibles pour les jeunes, en plus de contribuer à l’établissement chez ces derniers du sens des valeurs et de l’estime de soi. Lorsque M. Kennedy a demandé du soutien, la GRC du comté de Pictou lui a permis de laisser ses tâches liées au maintien de l’ordre public pour devenir un agent responsable de l’alphabétisation à temps plein, qui combat le crime en aidant les enfants à lire.
Il s’agit là d’un exemple de l’incroyable travail communautaire qui est fait couramment dans cette région du monde. De Racines de l’empathie, un système d’enseignement où des parents et leurs enfants en bas âge se réunissent dans des classes pour apprendre aux enfants l'empathie et la compassion, jusqu'à Women-Alike-Abreast-A-River, une équipe remarquable dont les membres ont survécu au cancer du sein et recueillent des fonds avec leur bateau-dragon pour la sensibilisation à cette maladie ainsi que des traitements, il y a d’importants efforts déployés à Pictou, à New Glasgow, à Antigonish et dans toute la circonscription de Nova-Centre qui montrent des exemples de participation à une société où les gens savent comment s’aider les uns les autres.
Les besoins en travail communautaire prennent paradoxalement leur source dans une situation qui crée aussi l'apathie et le découragement. En effet, le fait que la Nouvelle-Écosse soit mise de côté dans une grande partie de la vie économique et sociale du Canada crée la nécessité d’avoir des programmes innovateurs plus locaux pour s’entraider. Je trouve inspirant de faire partie de cette vie communautaire riche et dynamique.
Je crois que l’esprit de communauté qui existe ici est une fondation sur laquelle nous pouvons construire une société en santé, dans laquelle les gens se sentent bien, en sécurité et paisibles. Mais la région a besoin d’aide. Le gouvernement de Stephen Harper n'a pas réussi à soutenir la région, et beaucoup de personnes sont sur le point de perdre espoir et de tomber entre les mailles de nos communautés. En raison de l'engagement communautaire que j'y ai vu, le Canada atlantique pourrait incontestablement prendre part à la vie économique canadienne, si le secteur florissant de l’énergie et un engagement renouvelé de la part du gouvernement du Canada dans le soutien des régions rurales, de l'agriculture, des industries manufacturières et des services sociaux étaient mis en œuvre. Il y a tellement de potentiel qui n’est pas mis à profit, et c’est pourquoi Stephen Harper fait une erreur lorsqu’il pense que les Canadiens de l'Atlantique sont défaitistes. L’esprit de communauté est mieux compris ici que n’importe où ailleurs au Canada. Nous avons donc le potentiel de créer une société réellement en santé, où personne n’est mis à l'écart.