Le Toronto Star a publié un article jeudi dernier intitulé « May urges Strategic Voting » (« May conseille vivement de voter de façon stratégique »). Ce titre a causé beaucoup d'inquiétude chez les Verts qui savent que je n’ai jamais appuyé le vote stratégique. Dans cet article, j'affirme en particulier que le vote stratégique ne fonctionne pas.
Je crois fermement que la plateforme du Parti Vert, notre message ainsi que nos principes doivent jouer un rôle dans l’avenir de notre pays. Nous avons la vision la plus claire et la plus concrète pour faire avancer le Canada dans la bonne direction en matière de changements climatiques, de paix mondiale, de soins à l'enfance, de soins de santé et de mise en valeur des communautés. Nous sommes le seul parti à avancer des politiques audacieuses à l’intérieur d’un cadre financier responsable, ce qui pourrait remettre notre pays sur les rails et permettre au Canada de reprendre sa place de chef de file sur la scène internationale en matière de progrès environnemental, de respect des droits de la personne et d'élimination de la pauvreté. Mais je sais que les Verts seront en mesure d’accomplir bien plus s’ils partagent le pouvoir avec un gouvernement progressiste qu’avec les Conservateurs de Stephen Harper. La vérité au sujet du gouvernement Harper est que seul Stephen Harper établit les politiques, dicte les clips sonores et coupe dans les programmes. Ses propres ministres ne jouent en grande partie qu’un rôle décoratif.
En tant que chef du Parti Vert, je vois l’élection de nombreux députés verts à portée de main. J’espère que nous réussirons à faire élire au moins douze députés pour que nous ayons le statut de parti officiel à la Chambre des communes. En même temps, j’espère que nous serons idéalement en mesure d’empêcher M. Harper d’obtenir un deuxième mandat. D’ailleurs, il n’y a pas seulement les politiques des Conservateurs en matière de changements climatiques, d’économie, de soins de santé, de droits des femmes et de politique étrangère qui sont extrêmement inquiétantes, mais aussi le fait qu’il n’existe aucune possibilité d'influencer les actions d'un gouvernement conservateur. À vrai dire, Stephen Harper exerce une emprise tout simplement trop forte sur le pouvoir et sur la prise de décisions pour que les autres partis puissent avoir une certaine influence. M. Harper veut être considéré comme un leader ferme. Mais une question s’impose alors : voulons-nous d’un dirigeant qui prend toutes les décisions lui-même et qui utilise son temps de travail pour améliorer ses perspectives de succès au lieu de servir la population, ou d’un premier ministre qui a la volonté de prendre les préoccupations des Canadiennes et des Canadiens à cœur et d’agir dans le meilleur intérêt de son peuple?
La campagne électorale à l'américaine de Stephen Harper n’est pas un hasard. En effet, ses conseillers politiques viennent de l'autre côté de la frontière ainsi que de l'équipe de campagne de John Howard de l’Australie. M. Harper contrôle son message, muselle son caucus, ne répond pas aux questions de son propre parti et encore moins à celles des électeurs et de la population canadienne. Bien que je ne puisse appuyer un autre parti que le Parti Vert, je désire être parfaitement honnête avec les Canadiennes et les Canadiens : la pire issue pour cette campagne électorale serait la réélection de Stephen Harper qui continuerait de diriger notre pays avec fermeté loin du droit chemin. J’ai également affirmé dans l’article du Toronto Star que les enjeux de cette élection étaient trop grands pour jouer le jeu de la partisanerie et se préoccuper de gains de pouvoir à court terme. Il s’agit là de traits qu’ont les autres politiciens et que je désire éviter à tout prix.
Je m’engage à révéler la vérité pure et simple, peu importe si cela fait avancer nos chances d’élection ou non. J’ai affirmé vouloir que les Canadiennes et les Canadiens fassent tout ce qui était en leur possible pour empêcher la réélection de Stephen Harper. Cette allégation a été interprétée comme si j'appuyais le vote stratégique. La vérité est que le vote stratégique n’a aucun sens pour la plupart des Canadiennes et des Canadiens. Les gens ne désirent pas qu’on leur demande de voter contre quelqu’un ou contre quelque chose. La population canadienne veut voter pour les politiques et pour les personnes en lesquelles elle croit. Pour cette raison, je ne demanderai jamais à un électeur de voter dans le but de bloquer les Conservateurs, alors que son cœur lui dit de voter pour un autre parti. Mais je veux trouver une façon de résoudre l'énigme que pose le scrutin majoritaire uninominal à un tour dans lequel une minorité de Canadiennes et de Canadiens pourrait finir par élire un gouvernement conservateur majoritaire. Nous avons besoin d’un système de représentation proportionnelle.
En fait, pourquoi est-ce que j’insiste sur le besoin d’élire des députés verts à la Chambre des communes et de faire augmenter le nombre de votes pour le Parti Vert partout au Canada, alors que nous devons trouver des solutions efficaces pour défaire Stephen Harper?
La réponse est simple : nous lui prenons des votes. Notre parti plaît à l’honnêteté intrinsèque des conservateurs progressistes qui ne se reconnaissent pas dans les politiques étroites de leur chef ni dans son habitude à ne pas respecter sa parole afin d’obtenir des avantages politiques. Nous sommes un parti responsable sur le plan financier et possédons un programme progressiste sur le plan social. Nous plaisons également aux membres du Parti réformiste et de l’Alliance canadienne qui pensaient autrefois que leur parti respecterait les valeurs fondamentales de la démocratie populaire. Harper est le nec plus ultra en matière de direction autocratique : il remplace des candidats élus de façon démocratique par des personnes de son choix. Nous représentons alors un refuge pour les électeurs qui ne peuvent voter pour aucun des anciens partis. Nous leur offrons de l’espoir.
Pour cette élection, qui s’avère être la plus importante de toute l’histoire du Canada, nous devons travailler ensemble pour assurer la participation électorale la plus élevée possible. Un électorat éveillé et bien informé se concentrant sur l’essence plutôt que sur l’enrobage fera toute la différence. Soyons audacieux et optimistes. Nous ne pouvons nous permettre de nous laisser prendre par les imperfections du scrutin majoritaire uninominal à un tour et l’attitude des politiciens qui ne servent que leurs intérêts. Nous devons faire passer les principes et le progrès avant la partisanerie. Il s’agit là de la notion fondamentale qui forme la vision du Parti Vert.