La crise financière mondiale requiert la mise en œuvre immédiate d'une série de mesures économiques. Il faut protéger les épargnants et préserver les emplois.
Le président désigné Barack Obama a une vision très réaliste de ce qui nous attend. Au lieu d'attendre son inauguration officielle, il a annoncé les grandes lignes de son plan de sauvetage estimé à 700 milliards de dollars. Ses principales priorités : investir dans l'énergie renouvelable et les infrastructures publiques. Ces mesures permettront de lutter contre les changements climatiques, de créer des emplois et de stimuler l'économie. Tout porte à croire qu'une « Nouvelle donne » émerge de la nouvelle Maison-Blanche.
Si les États Unis ont selon toute vraisemblance élu un nouveau Franklin Delano Roosevelt, comment se fait-il que nous soyons aux prises avec un Herbert Hoover complètement dépassé?
Le gouvernement Harper n'a rien fait pour réagir à la crise économique. Pendant la campagne électorale, Harper-Hoover nous avait pourtant assuré qu'il n'y aurait pas de récession, estimant que si le Canada devait subir une récession, elle aurait déjà commencé. (Comme nous le pensions, la récession était bel et bien là, mais Harper faisait l'autruche.) Lorsque nous avons dû répondre à une question sur d'éventuels déficits pendant les débats, j'ai été le seul chef à suggérer que le financement déficitaire pourrait s'avérer inévitable en période de récession. Harper-Hoover a continué à clamer haut et fort qu'il n'enregistrerait pas de déficit. Pendant la campagne, il a même dit que les déficits étaient « dangereux. » Aujourd'hui, il s'est rétracté, affirmant qu'ils sont devenus « essentiels. »
Entre temps, le directeur indépendant du budget parlementaire a confirmé ce que nous avions dit pendant la campagne : les mauvaises politiques économiques de Harper nous ont déjà mis dans une position déficitaire, et ce, avant l'effondrement économique des marchés financiers. Les réductions de TPS n'ont pas stimulé l'économie - aucun économiste ne croyait à cette stratégie - mais ont forcé le gouvernement à couper dans les programmes. Pour anticiper ce manque à gagner, Harper-Hoover n'a pas réduit les dépenses, il les a augmentées.
Ainsi, les Canadiennes et les Canadiens savent très bien que le budget du gouvernement est déficitaire pour la simple et bonne raison que Harper a épongé tous les surplus des quinze dernières années. À présent, Harper-Hoover admet lui-même que nous sommes en récession. Lors rencontres de l'APEC au Pérou après les élections, il avait promis d'offrir une importante série de mesures pour stimuler l'économie.
Au lieu de cela, les mesures proposées par M. Flaherty n'ont rien à voir avec la protection de l'économie. Harper-Hoover compte sur les réductions de taxes effectuées en deux ans et demi et tente de les faire passer pour des « mesures » conçues pour stimuler l'économie.
Nous avons besoins de véritables réductions au niveau de l'impôt des particuliers et des charges sociales. Mais pour ça, ne comptez surtout pas sur le plan de Harper. Nous avons besoin d'une série de mesures pour permettre à l'industrie automobile d'effectuer la transition vers la production de véhicules verts, mais le plan de Harper n'offre rien en ce sens. Nous avons besoin de véritables mesures pour relancer l'économie, dont des investissements massifs dans les sources d'énergie renouvelables, dans la modernisation du service ferroviaire, dans le transport des marchandises et dans les infrastructures municipales. Mais rien ne laisse croire que c'est le cas.
À la place, nous avons droit au complot le plus cynique des annales de la politique moderne - et c'est peu dire.
De nombreux analystes politiques ont observé que le gouvernement de Stephen Harper était une machine électorale en constante activité. Sa priorité absolue est la quête du pouvoir. Le fait que le pays est maintenant en récession et a besoin d'un gouvernement responsable capable de faire passer l'intérêt supérieur du pays avant ses intérêts partisans ne semble pas l'inquiéter le moins du monde. Pendant des années, Stephen Harper et son ami Tom Flanagan ont eu pour objectif de mettre en faillite le Parti libéral. C'est pourquoi ils ont gaspillé le mois dernier 300 millions de dollars sur une élection surprise dont personne ne voulait. Ils sont tellement pris par cette soif d'anéantir les Libéraux qu'ils en oublient tout le reste. Tant pis si l'effondrement de l'économie et l'anéantissement d'un système électoral équitable font office de dommages collatéraux.
C'est pourquoi M. Flaherty prétend que l'élimination du financement public des partis politiques fait partie de la série de mesures visant à stimuler l'économie. Les restrictions budgétaires symboliques font belle figure sur la Colline. Bien que la perte de certains privilèges ne contribue pas à stimuler l'économie, elle a pour avantage d'être sans conséquences. Priver le système du mécanisme de financement public des partis politique est une toute autre paire de manches. C'est une attaque non dissimulée contre un processus électoral qui n'est plus sous le joug de l'argent.
Pourquoi le financement public des partis politiques est-il si important? Souvenez-vous pourquoi ces réformes ont été introduites. Le fait que tous les partis reçoivent 1,95 $ par vote leur permet de se libérer des contraintes liées aux contributions des groupes de défense d'intérêts. En fait, pour que le NPD accepte de refuser les contributions des syndicats, et pour que les Libéraux refusent l'argent des personnes morales, un mécanisme de financement public a été créé pour niveler les appuis et répartir le financement selon le nombre de suffrages récoltés aux urnes. Pour le Parti Vert, ce système de financement compense quelque peu l'injustice du système majoritaire uninominal qui, malgré le fait que près d'un million de Canadiennes et de Canadiens aient voté pour nous (18 pour cent du total des votes reçus par le Parti conservateur), ne nous a pas permis de remporter un seul siège à la Chambre des communes. Le mécanisme de financement fédéral nous permet de poursuivre notre développement - mais uniquement dans la mesure où l'électorat nous appuie.
Le mécanisme de financement coûte environ 30 millions de dollars par année. Son élimination aura un effet négligeable sur le budget fédéral. En fait, je mets M. Flaherty au défi de nous prouver en quoi cela aura un effet positif sur l'économie. Les subventions accordées aux sables bitumineux s'élèvent toujours à 1,3 milliards de dollars par année, que je sache. C'est plutôt là qu'il faut couper. Mais on peut toujours rêver.
Alors Harper-Hoover s'attaque à l'équité du système électoral sous prétexte de réagir à la crise économique.
Toutes les Canadiennes et tous les Canadiens et tous les partis d'opposition doivent se serrer les coudes. M. Harper espère que les Canadiennes et les Canadiens le croiront d'emblée. Après tout, personne ne veut prendre la défense des partis politiques, et encore moins leur donner de l'argent. Mais il ne s'agit pas de se porter à la défense des partis politiques. Il s'agit de protéger un mécanisme de financement équitable dans l'intérêt supérieur du grand public. Il s'agit de sauver la démocratie.
Nous avons besoin de véritables mesures pour combattre la crise économique. Nous avons besoin de véritables mesures pour combattre la crise climatique. Heureusement, comme l'a démontré Obama, il peut s'agir d'une seule et même série de mesures. Mais un affront à la démocratie n'est pas une mesure acceptable.
J'appelle Stéphane Dion, Jack Layton et Gilles Duceppe à travailler avec les Verts pour prendre les mesures qui s'imposent pour remettre notre pays sur la bonne voie. Nous ne pouvons pas permettre à un gouvernement cynique, aveuglé par le pouvoir, de détériorer encore plus notre économie tout en piétinant notre démocratie.