Varsovie COP19 : J’ai finalement eu mon laissez-passer rose!

Elizabeth May

Je me suis préparée tôt aujourd’hui. J’avais en tête l’organisation épouvantable de la Conférence des Parties de Copenhague où j’avais eu très froid. Lors de la 15e session de la Conférence des Parties, nous devions faire la file dehors pendant des heures (jour après jour) dans un froid mordant. Pour assurer mes arrières, cette fois-ci, je suis arrivée à 7 h à l’immense stade de Varsovie, transformé pour l’occasion en centre des congrès pour la 19e session de la Conférence des Parties. Je n’ai eu à attendre à l’extérieur qu’une demi-heure avant que les agents de sécurité ne décident de nous faire entrer pour attendre au chaud.  

Afghan Badge

Mon accréditation des Verts mondiaux, qui me donne un accès limité en tant qu’observatrice, m’attendait, mais comme je le disais hier dans mon blogue, j’espérais obtenir mon laissez-passer rose, qui m’identifierait en tant que membre d’une délégation gouvernementale. Bien entendu, tous les autres parlementaires Verts ici font partie d’une délégation gouvernementale – qu’ils soient dans l’opposition ou au pouvoir.  

Grâce aux arrangements pris par courriels, j’ai rencontré le sous-ministre de l’Agence nationale de l’Environnement de l’Afghanistan et chef de la délégation de ce pays, Ghulam  Mohd Malikyar. Il m’a accompagné à l’entrée pour m’inscrire à titre de membre de sa délégation. Avec seulement trois représentants du gouvernement de ce pays et un membre bénévole – le chercheur australien Ian McGregor, qui travaille avec la délégation de l’Afghanistan depuis plusieurs années – mon arrivée au sein de la délégation de l’Afghanistan a augmenté la taille du petit groupe de 25 pour 100.

Je me porte volontaire pour apporter mon aide à un pays qui a connu son lot de moments difficiles en raison de la guerre et des conflits armés. Selon le jargon de l’ONU, l’Afghanistan est décrit comme un pays en période « d’après-conflit ». Dans les négociations sur le réchauffement climatique, l’Afghanistan travaille à l’intérieur de deux groupes de pays – le G77 et la Chine (il s’agit d’un groupe présidé au cours de cette session par Fiji) et les pays moins développés, présidés au cours de cette session par le Népal. Ces groupes de pays font pression pour des mesures plus strictes et immédiates pour résoudre la crise du climat. En tant qu’experte-conseil auprès de la délégation de l’Afghanistan, je donne des conseils sur les politiques et je les aide à prendre des notes durant les sessions où la petite délégation ne pourrait participer. 

Ian McGregor, ce chercheur australien, et moi, la Canadienne, avons décidé que nous étions devenus une nouvelle variété de « réfugiés environnementaux ». Nos propres gouvernements sont tellement épouvantables que nous avons plus à faire en tant que « réfugiés » – en cherchant asile auprès d’un autre gouvernement. 

Aujourd’hui, j’ai aussi accroché à mes vêtements le petit cercle rouge porté par les délégués qui participent au jeûne en signe de solidarité avec le chef de la délégation des Philippines.

Concrètement, les discussions d’aujourd’hui ont porté sur l’ébauche d’un texte donné par l’un des coprésidents du groupe de travail spécial sur la plate-forme de Durban pour une action renforcée (qui pour une raison connue de l’ONU porte l’acronyme anglais ADP). Les coprésidents ont travaillé toute la fin de semaine pour élaborer cette proposition de texte pour ce qui sera la conclusion de cette Conférence des Parties de Varsovie. La prochaine session de la Conférence des Parties aura lieu au Pérou. La délégation péruvienne est donc tout particulièrement intéressée à ce que des progrès réels sur ce texte soient faits à Varsovie. Comme l’un des délégués (pas du Pérou) le disait, la vraie entente se fera à Lima en 2014, et pas à Paris en 2015, où, par chance, le travail difficile aura été fait bien avant. 

Le texte des coprésidents ne ressemble pas du tout à ce qu’aucun des groupes de pays ne voulait. Le club des pays riches industrialisés suiveurs (appelé le groupe de coordination qui comprend le Canada, les États-Unis, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Russie et la Norvège – même si ce dernier pays a une stratégie intérieure fantastique, et devrait atteindre un seuil de 30 % en dessous des niveaux de 1990 d’ici 2020) n’a pas beaucoup aimé cette ébauche, ainsi que le groupe du G77 et de la Chine, et celui des pays moins développés. Ce que je peux dire de mieux sur ce qui se passe, c’est que c’est un début qui permettra des négociations sérieuses pour aboutir à un texte d’ici 2014. Vous pouvez trouver tous les textes des Conférences des Parties sur le site de la CCNUCC : http://unfccc.int/2860.php

La ministre Aglukkaq est semble-t-il arrivée aujourd’hui, mais je ne l’ai pas vue dans la salle de la Conférence. Elle prendra la parole durant les réunions de haut niveau de mercredi. Heureusement, notre bilan environnemental lamentable sera éclipsé par celui de l’Australie, qui devrait décrocher le prix « Fossile du jour » cette semaine. Les réunions de haut niveau commenceront officiellement demain.

Quant à moi, avec le décalage horaire, le jeûne et les efforts pour me concentrer et faire mon travail, la journée a été longue. J’en dirai plus, demain...