Une dalle de 750 ans coupée dans une forêt ancienne de Colombie-Britannique en route pour la COP15

Un groupe autochtone exige que le gouvernement protège les forêts anciennes

Ada'itsx/Fairy Creek - Trois femmes autochtones et leurs alliés, connus sous le nom de Dzunuḵ̓wa Society, se rendent à Montréal pour la Convention des Nations Unies sur la biodiversité (" COP15 "). Le groupe y exposera une dalle, appelée « cookie » en anglais, qui a été découpée dans un sapin de Douglas vieux de plus de 750 ans. Le groupe souhaite ainsi attirer l'attention des 20,000 délégués sur la perte de la culture autochtone traditionnelle et sur la tragédie que représente la perte de dizaines de milliers d'hectares de biodiversité chaque année au Canada. L'arrivée du cookie à Montréal est prévue pour aujourd’hui, vendredi 9 décembre.

Les fondatrices de la Dzunuḵ̓wa Society, qui se traduit par la Société des femmes farouches des bois, se disent animées par la forêt. Elles partagent l'avis de la secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique, Elizabeth Maruma Mrema, qui, lors de la Journée internationale des forêts 2022, a déclaré que: « La déforestation n'est pas seulement un risque pour la biodiversité - c'est aussi un risque climatique, qui constitue une menace directe pour les droits de l'homme des peuples autochtones et des communautés locales. »

« Nous demandons à ceux qui verront le cookie d'imaginer à quel point cet arbre était majestueux autrefois - à quel point il est ignoble que l’on permette à des entreprises de couper à blanc ces géants. Ils font partie de notre patrimoine culturel, » a déclaré Angela Davidson, membre de la Première nation Da'naxda'xw/Awaetlala et Ooh-mah Ah-nise (femme de haut rang) du Parti vert du Canada. « Dans presque tous les cas, ces arbres faisaient autrefois parti d'écosystèmes vierges et non perturbés. Ils ont été coupés et jetés au sol dans le simple objectif de générer des profits. » 

L'histoire du cookie sera partagée avec les délégués de 196 pays alors qu'ils votent pour adopter un cadre visant à transformer notre avenir et protéger la biodiversité. Le groupe espère qu'en voyant le cookie, le gouvernement prendra des mesures immédiates pour mettre en place des protections ambitieuses.

Le cookie présenté à Montréal a été découpé dans un arbre abattu par l'industrie en 2020. Il a voyagé depuis la vallée de Caycuse sur le territoire des Pacheedaht et Ditidaht sur l'île de Vancouver. Il est attendu à plusieurs événements pendant la convention. Pesant plus de 3 000 lb, le cookie sera sur place pour représenter la perte rapide de biodiversité à laquelle nous sommes confrontés, pour honorer l'habitat perdu, ainsi que pour commémorer les 1,194 arrestations effectuées contre ceux qui défendaient les forêts contre l'industrie à Ada'itsx/Fairy Creek.

Les forêts anciennes de l'île de Vancouver défendues par le groupe abritaient autrefois une grande variété d'espèces en péril, dont le guillemot marbré, le petit-duc de l'Ouest, le lichen de Specklebelly des forêts anciennes, la chouette tachetée du Nord, la grenouille à pattes rouges du Nord et bien d'autres. Certaines espèces sont si rares que la déforestation en cours pourrait les faire disparaître.

"Les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique continuent de promouvoir la foresterie dans ce pays comme étant durable, tout en détruisant des écosystèmes entiers", a déclaré Shawna Knight, gardienne autochtone dont les ancêtres sont Secwépemc. "Nous ne pouvons pas permettre à ces gouvernements de continuer à protéger l'industrie au détriment de la santé des forêts et de nos communautés."

La déforestation en Colombie-Britannique a détruit 38,300 hectares de forêts anciennes en 2021. "Exploiter les derniers 2 % de la forêt ancienne de l'île de Vancouver et appeler cela "durable" devrait valoir l’opprobre mondiale au premier ministre de la Colombie-Britannique Eby et au premier ministre canadien Trudeau", a déclaré Elizabeth May, cheffe du Parti vert du Canada. "Et maintenant, juste au moment où le Canada accueille la COP15, nous apprenons que notre gouvernement tente de diluer les règlements internationaux sur le commerce forestier."

"Nous sommes scandalisés par le fait qu'au milieu d'une crise mondiale de la biodiversité, le Canada continue de prétendre être un chef de file en matière de pratiques d'exploitation forestière durable", a rajouté Knight. "Le gouvernement peut soit choisir de soutenir l'industrie et faire disparaître des espèces entières, ou choisir d'évoluer dans le respect et la réciprocité dans toutes nos relations avec la terre. C'est à nous de les encourager à faire ce choix."

OÙ TROUVER LE COOKIE

Le cookie devrait apparaître pour la première fois lors de la Marche pour la biodiversité et les droits de l'homme, le samedi 10 décembre. Les autres lieux seront mis à jour ici.

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